L'épave de l'U 767 telle qu'elle apparaît de nos jours (Olivier Brichet)
Le 22 mai 1944, le sous-marin allemand U 767, sous le commandement de l’Oberleutnant-zur-See Walter Dankleff, appareillait de Marviken, en Norvège,
pour sa première mission de guerre. Direction : l'Atlantique Nord. Puis un ordre l’envoyait, le 9 juin, vers la Manche à l’entrée de laquelle, six jours plus
tard, il plaçait un coup direct sur la frégate HMS Mourne qui coulait en quelques minutes avec une lourde perte en vies humaines. Le 18, le sous-marin
faisait route à l'est pour intercepter la flotte de débarquement lorsqu'une furtive émission radio était interceptée par les HMS Fame et Inconstant.
Les relèvements positionnient l'U-Boot à moins de 10 milles des bâtiments britanniques. De chasseur, l'U 767 devenait, sans le savoir, le
gibier du puissant 14e Groupe d’escorte comprenant les HMS Fame, Havelock, Hotspur, Icarus et Inconstant. Le groupe mis
le cap à grande vitesse entre Roscoff et Saint-Malo où les navires britanniques réduisirent leur vitesse et commencèrent leur recherche. A 14 h 20, le Fame
obtenait un contact asdic situé à 2 100 m et attaquait le premier au Hedgehog. Cette attaque se traduisit par trois fortes détonations, après 4 secondes, alors
que le reste de la salve explosait en touchant le fond. Peu après, une grosse bulle chargée de mazout vint crever la surface. Une nouvelle passe s'ensuivit, cette
fois à la grenade sous-marine. A son tour le Havelock déversa ses charges sur la position présumée de l'U-Boot agonisant. L'Inconstant
s'apprêtait à effectuer une attaque au Hedgehog quand un marin allemand, Walter Schmietenknop, portant un appareil respiratoire de sauvetage, vint en surface au
milieu d'une grosse bulle d'air. Il fut rapidement repêché par le Fame alors que les autres bâtiments continuaient de matraquer l'U 767 pour
s’assurer de sa destruction. Walter Schmietenknop, qui venait d'effetuer une remontée miraculeuse de 72m (!), fut le seul rescapé et, depuis ce 18 juin 1944, ses
48 camarades reposent pour l'éternité dans les flancs de leur cercueil d'acier.
Le 6 septembre, les plongeurs de l'Expédition Scyllias sont allés rendre visite à l'U 767. Notre petite équipe était constituée de Jean-Louis
Maurette, photographe, Alain Le Garo, chargé aujourd'hui de la sécurité surface, Vincent Gautron et Barnabé Moulin, tous deux chefs de palanquée et responsables
du timing et de Jacques Le Lay, cameraman. Les accompagnait Christian Roche, journaliste qui couvrait l'action en surface pour TF1. L’U-Boot est très
difficile d'accès car reposant par presque -75 m et nécessite l'utilisation de mélanges gazeux : Trimix, Nitrox et oxygène. Il s'agit d'une plongée technique
réservée à des plongeurs rodés aux difficiles conditions rencontrées fréquemment en Bretagne Nord, conditions plus particulièrement liées, dans le cas présent,
à la profondeur relativement importante, aux courants, au froid, à une visibilité souvent réduite et une luminosité communément inscrite aux abonnés absents.
Après une heure de navigation, nous arrivions sur le site où l'U 767 était rapidement localisé.
Le submersible repose entier, penché sur le côté bâbord d'environ 45°, et se trouve dans un état de conservation remarquable. On peut apercevoir son périscope
de veille avec sa lentille bombée et son miroir, accompagné du périscope d'attaque rétracté dans son puits, le tout surmontant le kiosque. Le panneau d’accès
supérieur au kiosque, le Turmluck, est fermé, alors que l'antenne gonio, le Funkpeilrahmen, pend au bout de son mât tordu. Les pièces d'artillerie
antiaérienne sont absentes, peut-être arrachées de leurs supports lors du violent grenadage orchestré par la Royal Navy ; il est fort possible également que
les six canons de 20 mm se soient détachés de la structure, comme bien souvent après des années d'immersion, gisant dorénavant sur le fond dans un amoncellement
de tubes et morceaux de ferrailles divers. Un chalutage indélicat ou imprécis peut aussi en être la cause. Un grand filet en nylon nappe une partie du pont
arrière et de la coque sur bâbord. Sur tribord apparaissent des tôles enfoncées, manifestement l'impact d'une des charges de Hedgehog. L'ancre, à poste dans son
écubier, est elle bien visible et mérite l'attention des visiteurs.
La plongée touchait déjà à sa fin et il était temps de stopper nos pérégrinations subaquatiques pour de longs paliers. Nous nous arrachions avec regret à la
carcasse tourmentée du loup gris qui s'estompait, doucement, alors que nous entamions lentement notre remontée.
La plongée sur l'épave de l'U 767 a fait l'objet d'un reportage de Christian Roche diffusé, le 4 otobre, dans le JT de TF1.
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