Début 1944, les Allemands se doutent qu'un débarquement allié va se tenir tout prochainement en Europe. Le Großadmiral Dönitz va constituer une petite flottille
de quelques sous-marins pour faire face à cette future invasion qui pourrait bien prendre place sur les rivages de France. Ce groupe, tenu en réserve, est baptisé Landwirt et basé à
Brest.
Le 6 juin, le moment tant redouté est arrivé pour le groupe Landwirt : il faut monter au front ! Quinze U-Boote appareillent en deux groupes ; un premier constitué de huit sous-marins
quitte le port à 21 h 00 puis, un peu plus tard, le second avec sept unités dont l’U 821. De ce second groupe, deux jours plus tard, il ne reste plus opérationnel que
l’U821 ! Les six autres loups gris ont été attaqués constamment par des avions de lutte anti-sous-marine et des destroyers alliés. Certains ont été coulés, d’autres
obligés de revenir à Brest, incapables de remplir leur mission après de nombreuses avaries.
L’U 821 reste posé sur le fond dans la journée, silencieux, et fait route en surface, la nuit. Le 10, peu après minuit, il émerge afin d'entamer sa navigation. Les servants
de la Flak sont immédiatement à poste pour faire face à une éventuelle attaque aérienne. Celle-ci survient quinze minutes après quand un bombardier Liberator débouche de l'obscurité
et largue trois bombes qui explosent très près du sous-marin en causant de sérieux dégâts, crevant notamment des réservoirs de gasoil. L’U 821 n’a d'autre options que rentrer sur
Brest.
En 2018, l'Expédition Scyllias avait tenté de rendre visite à l'U 821 qui repose non loin d'Ouessant par 110 mètres de fond. Un seul équipier, Laurent Moysan, avait
plongé mais une panne de détendeur survenue à 100 mètres l'avait obligé à renoncer près du but. Cette année, une nouvelle tentative s'est déroulée le jeudi 10 septembre et Laurent Moysan
a pu filmer une partie de l'épave, seul, à la profondeur de 108 mètres.
Plongeant en circuit ouvert, il emportait avec lui différents mélanges gazeux tenant dans un bloc de 11 litres pour la descente et une partie de la remontée, un bi 2 x 18 litres pour
l'exploration sur l'épave, et trois autres bouteilles de 7 litres avec des mélanges suroxygénés et de l'oxygène pur. Le poids de cet équipement tournait aux alentours des 70 kg !
Après 6 min de descente et 15 min au fond, de longs paliers de décompression l'attendaient durant 2 h 20.
À la suite de cette action, l'Expédition Scyllias a été contactée par l'Ubootfahrer, l'association des sous-mariniers allemands avec qui l'équipe bretonne entretient
des relations privilégiées depuis la découverte de l'U 84 disparu en 1918 devant Saint-Guénolé. Les images vidéos réalisées sur l'épave de l'U 821 permettent de faire
resurgir de l'oubli une page d'histoire maritime contemporaine méconnue.
L’Expédition Scyllias est à la recherche de mécènes et sponsors pour continuer son action de valorisation du patrimoine immergé.
À gauche : le Turmluck, sas d'accès sur le haut du kiosque.
À droite : le présicope d'attaque rétracté dans son puits.
À gauche : un compresseur fixé sur les TLT avant. Il fournissait l'air comprimé pour chasser les torpilles.
À droite : le panneau avant d'embarquement des torpilles.
À gauche : des bouteilles d'air comprimé étaient stockées sous les lames de bois du pont avant.
À droite : Laurent, de retour d'un voyage à nul autre pareil.
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